Bulletin n°14

Imagerie de l’Amide Proton Transfer arrive en pathologie ORL!

Les débats entourant les effets indésirables du gadolinium ouvrent la porte à de nouvelles méthodes d’imagerie en pathologie tumorale ORL, et notamment à l’imagerie des protons tumoraux en IRM. On ne parle pas ici de Pet-IRM ou de Spectroscopie telle qu’on la pratique dans le cerveau, mais bien d’imagerie de type CEST, pour Chemical Exchange Saturation Transfer.

Ce type d’imagerie est lié à l’échange des protons d’hydrogènes avec les protons de l’eau libre, en appliquant un pulse de radiofréquence à leur fréquence de résonance, il est possible de diminuer le signal de l’eau de façon détectable en IRM classique, c’est l’effet CEST.

La première application connue concerne l’imagerie de transfert d’aimantation des protons amides (APT pour Amide Proton Transfer),  liée à l’échange des protons amides avec les protons de l’eau libre. Le principe est de détecter les protons amides dans les protéines cancéreuses.

Après avoir démontré que l’APT permettait de déceler une réponse thérapeutique précoce dans un modèle animal de Glioblastome, ou de discriminer la radionécrose de la récurrence tumorale en pré-clinique, des études cliniques ont démontré son intérêt pour le grading de tumeurs cérébrales chez l’Homme en générant des cartes colorimétriques avec un gradient d’intensité relative plus important pour les tumeurs malignes (valeurs d’APT élevées) que bénignes (valeurs d’APT basses).

Une étude de l’équipe du Dr Ann King à Hong-Kong parue dans Radiology en 2018 (abstract ici, texte complet pour les membres du Cireol en suivant ce lien) a démontré dans un panel de tumeurs de la tête et du cou comprenant des carcinomes indifférenciés et épidermoïdes, des lymphomes non-Hodgkiniens et des tumeurs bénignes des glandes salivaires, qu’il est possible d’apporter une information discriminant les tumeurs malignes des tumeurs bénignes, mais pas les types de tumeurs malignes entre elles. L’association de la cartographie APT aux cartographies de coefficient apparent de diffusion augmente la précision diagnostique, le tout sans injection de produit de contraste.

Voici un exemple de cartographie APT pour un carcinome épidermoïde de la langue issu de la publication de Radiology:

 

On notera enfin deux autres applications prometteuses du CEST: nommée GlucoCEST et Iopamidol-CEST, qui peuvent donner une information sur le PH extra-cellulaire des cellules tumorales, encore non testées en pathologie ORL.

Pour les anglophones, une interview complète et intéressante sur ce sujet d’un chercheur d’Olea nommé Stefano Casagranda, et que je remercie pour son aide dans la rédaction de ce bulletin de veille médical, est disponible à cette adresse.

Olea Medical étant l’un des partenaires du projet Horizon 2020 GLINT (Imagerie GlucoCEST dans les tumeurs neuroplastiques), étant en charge de la partie logicielle pour traiter les données CEST en corrigeant aussi les artéfacts de champ B0 et B1.

Bien amicalement, Arnaud