Bulletin n°5

Exploration IRM des neuropathies optiques : faut-il passer à la séquence de Double Inversion-Récupération ?

La parution récente dans l’AJNR d’un article sur l’exploration des nerfs optiques de patients avec Sclérose en Plaque utilisant une séquence IRM de double inversion-récupération (DIR) par une équipe italienne permet de s’interroger sur les bonnes pratiques dans l’exploration des neuropathies optiques.

Dans ce papier, le nombre de patients avec des hypersignaux DIR des nerfs optiques tout en étant visuellement asymptomatique est élevé, avec 72% présentaient au moins un segment du nerf optique en hypersignal, comme illustré sur ce visuel tiré de l’article (1 sujet sain –A- est confronté à un sujet avec un hypersignal DIR bilatéral -B-).

Cette séquence implique le paramétrage de 2 temps d’inversion, saturant l’eau et la substance blanche normale, et a été testé comme efficace dans la détection des hémorragies sous-arachnoidiennes, des plaques démyélinisantes dans le cortex, ou encore des lésions démyélinisantes de la moelle cervicale.

De façon intéressante pour l’exploration des neuropathies optiques, la longueur de la lésion sur le 3D-DIR apparaît corrélé à la perte axonale de la couche des cellules neurales de la rétine, telle que mesurée à l’OCT (Tomographie par cohérence optique) ouvrant la voie à des études pronostiques et thérapeutiques dans l’évaluation des séquelles fonctionnelles de SEP.

On notera aussi de façon importante pour la pratique clinique qu’il faut éviter de faire la séquence pondérée en DIR uniquement après injection de gadolinium, puisque les prises de contraste se manifestent sur cette séquence par une diminution de signal pouvant potentiellement masquer des plaques de SEP dans cet article récent du Pr Hodel dans European Radiology.

Cette variation du signal sur la séquence DIR après injection de gadolinium a d’ailleurs été utilisé dans une publication du mois de juillet 2017 pour comparer la soustraction DIR sans injection par DIR injecté avec la séquence T1 classique sans puis avec injection dans le rehaussement des lésions démyélinisantes du SNC, nettement en faveur de la réalisation de deux séquences DIR (deux fois 6 minutes).

On rappela toutefois que le recalage spatial de 2 séquences n’est pas toujours facile avec les logiciels constructeurs et que l’apport de la DIR dans la détection des LEMP (leuco-encéphalopathie mulitfocale progressive) post-thérapeutique n’a pas été évalué.

Il serait également intéressant de réaliser le même type d’étude Pré et Post DIR sur les nerfs optiques, on attend également les premières études de comparaison 3D-FLAIR IV /3D-DIR sans IV (le DIR ayant déjà été jugé supérieur au 2D-FLAIR saturé en graisse ici), en rappelant que le DIR permet un meilleur contraste tissulaire que le FLAIR et serait donc plus efficace pour les petites lésions du nerf optique, mais apparaît dans notre expérience plus sensible aux mouvements et aux artéfacts dentaires.

Dans notre expérience, la séquence DIR apparaît également plus difficile à paramétrer sur les machines Siemens que Philips, une alternative intéressante du constructeur allemand pourrait être la séquence en écho de gradient à double temps d’inversion de type FLAWS.

Pour conclure, il est donc toujours recommandé si vous êtes passé à la DIR de compléter par une séquence en T1 injecté, de type 2D axial ou coronal ou 3D en écho de gradient (comme dans cet article récent sur l’exploration des NOIAA, résumé en français ici, disponible en version complète sur le site du Cireol ici http://cireol.free.fr/members/docs/Remond-AJNR2017.pdf).

Bonne rentrée, Arnaud A.

NB: Remerciements au Pr Jêrome Hodel (CHU Henri Mondor, Créteil) et à Thomas Troalen (Siemens) pour leurs conseils.