Bulletin n°2

Mise au point sur le protocole hydrops

La sortie d’un nouvel article sur l’imagerie de l’hydrops endolymphatique de l’équipe de Nagoya (Japon) dans Auris Nasus Larynx, visible ici :https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28256285      me donne l’occasion de refaire le point sur l’état des connaissances. Dans cet article, paru de façon concomitante à la nouvelle classification que nous venons de publier (abstract ici: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27999985, article complet pour les membres du CIREOL ici, dont un résumé en français est disponible ici), l’équipe du Pr Naganawa compare pour la 1ère fois dans la même étude un groupe de patient atteint de maladie de Ménière à un groupe d’oreilles « témoins » (en fait empruntés à des patients avec autres pathologies bénignes, laryngés, parotidiennes ou sinusiennes).

Sans surprise pour ceux qui pratiquent déjà ce protocole qui consiste en la réalisation d’une séquence d’inversion-récupération au moins 4 heures après injection intraveineuse d’une dose de gadolinium, les japonais retrouvent un nombre conséquent de localisation cochléaire d’hydrops tels que définies antérieurement en 2009 (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19221900).

A contrario, les auteurs concluent que la présence d’un hydrops vestibulaire « significatif » (comprenez au moins 50% d’endolymphe sur une seule coupe) est plus spécifique de la pathologie. De façon intéressante, ils ne retrouvent pas de corrélation entre le degré de distension vestibulaire et la durée de la maladie.

On rappellera donc les 2 faiblesses inhérentes de cette classification de 2009 :

1/ L’utilisation d’un ratio endolymphe/périlymphe pour définir la pathologie n’a de sens qu’à machine constante (ie. même constructeur, type de pulse d’inversion, temps d’inversion, champ magnétique) et en confrontation à sa propre population témoin, puisque ce ratio varie avec les paramètres de la séquence (un travail complet sur ce thème est visible sur ce poster).

2/Cette classification ne distingue pas l’utricule du saccule. Pour des raisons biomécaniques, la taille de l’utricule varie bien moins que celle du saccule dans la pathologie hydropique. On notera que l’utricule est potentiellement responsable des crises vertigineuses en cas de protrusion dans les canaux semi-circulaires (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22918115). L’atteinte sacculaire telle que mesurée par les potentiels évoqués otolithiques est plus fréquente que l’atteinte utriculaire pour les patients atteints de maladie de Ménière dans ce travail récent. (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27942898).

Il convient donc de distinguer le saccule de l’utricule dans l’analyse vestibulaire. A la décharge des auteurs, la mise au point des séquences 3D-FLAIR paraît plus difficile sur les machines GE ou Siemens (même si de jolis exemples de ce qu’on peut obtenir à 1.5T sur une machine Aera m’ont été transmis, avec des remerciements au Dr Loïc Gaillandre de Lille ; ou sur la Skyra 3T, courtoisie du Dr Bert De Foer (Belgique) pour les paramètres) que sur les machines Philips avec la technique Brainview ou Vista.

La bibliographie est en train de rapidement prendre de la consistance dans ce domaine, et devrait encore s’étoffer dans les années à venir avec la création d’une nouvelle cotation pour l’exploration des vertiges aux USA, qui devrait motiver nos confrères outre-Atlantique.

Amicalement, Arnaud Attyé