Bulletin n°7

De quoi l’hydrops sacculaire est-il le nom?

La parution concomittante dans le Laryngoscope d’un article Japonais qui établit un lien entre la présence d’un hydrops endolymphatique vestibulaire et la surdité de transmission sur les basses fréquences (250 Hz) et de notre dernier article (In Press) sur la relation entre hydrops sacculaire et surdité de perception dans European Radiology permet de s’interroger sur les relations entre hydrops sacculaire et surdité.

Dans l’article du Laryngoscope, l’équipe de Naganawa décrit des cas de patients qui présentent un aspect audiométrique de surdité de transmission avec un décalage entre les conduction aérienne et osseuse à 250 Hz en cas d’hydrops sacculaire (supposé sacculaire puisque dans cette classification le saccule et l’utricule ne sont pas séparés), uniquement lorsque le  saccule est adjacent à la platine de l’étrier.

L’hypothèse physiopathologique évoque un blocage de la vibration de la chaine ossiculaire soit par augmentation de la pression périlymphatique, soit par contact direct entre le saccule et la platine et son ligament annulaire. Dans le second article que l’on avait publié (fin 2016) dans European Radiology sur l’inversion du rapport utriculo-sacculaire (ici), la majorité des patients qui présentaient un hydrops sacculaire (9/15) présentaient un contact avec la platine.

Ces résultats sont donc à lire à la lumière du nouvel article que l’on vient de publier également dans European Radiology (Full Text ici avec les codes). Cet article compare la prévalence d’hydrops sacculaire dans 3 populations : Meniere (20 patients), Surdité de perception isolée sur les basses fréquences (20 patients) et Vertiges récurrents isolés (20 patients). Les résultats sont sans ambiguïté : nous n’avons trouvé aucun hydrops sacculaire pour la population vertiges récurrents, et dans les 2 autres groupes, aucun hydrops sacculaire quand la surdité était inférieure à 40 dB !

Autrement dit non seulement il est possible de trouver des hydrops du saccule pour des patients qui ne sont même pas classés comme ayant un Méniére définie ou possible (vertiges récurrents) dans la dernière  révision de la classification de l’association américaine d’otologie (visible ici : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28770282), c’est-à-dire pour des patients avec une surdité de perception isolée sans vertiges, mais également que l’hydrops sacculaire ne peut pas à lui seul expliquer des épisodes vertigineux répétés.

En résumé, on peut donc conseiller d’utiliser le protocole hydrops pour tout patient :

-Avec Maladie de Ménière défini (Vertiges+Surdité+Acouphènes et/ou sensation d’oreille bouchée).

-Avec surdité de perception isolé, et ce quel que soit l’âge du patient.

-Avec surdité de transmission sur les basses fréquences, et donc également en cas de profil audiométrique mixte (transmission+perception).

Pour mémoire, le protocole hydrops semble également sensibiliser la détection de « labyrinthite » isolée des canaux semi-circulaires avec des prises de contraste isolé des canaux dont il reste à déterminer l’étiologie exacte et les conséquences cliniques.

Amicalement, Arnaud Attyé