Bulletin n°10

Analyse de l’extension tumorale aux cartilages laryngés: TDM ou IRM?

La parution à intervalle rapproché de deux articles dans Eur Radiol et l’AJNR évaluant l’extension des cancers laryngés/hypopharyngés aux cartilages laryngés permet de rediscuter de la modalité d’exploration idéale pour cette exploration.

Le challenge clinico-radiologique apparaît majeur puisqu’en cas d’intégrité des cartilages, la tumeur sera classée T3 et donc éligible à un protocole de préservation d’organe bien moins délabrant que la chirurgie de Laryngectomie totale des T4A ainsi classés en cas d’atteinte cartilagineuse transfixiante.

Le premier article paru dans European Radiology étudie l’intérêt de l’injection de gadolinium en IRM avec antenne de surface pour le diagnostic positif de ces atteintes laryngés, avec de belles images de confrontation avec l’anatomo-pathologie. Les auteurs italiens concluent que pour les radiologues seniors, l’intérêt de l’injection apparaît limité par rapport au protocole classique non injecté (T1, T2, Diffusion) tandis que le junior voit ses chiffres de performance diagnostique singulièrement amélioré en ajoutant à ce protocole 2 séquences injectées (Echo de Gradient et Spin Echo).

Les auteurs illustrent des cas de faux négatifs de l’IRM non injecté, mais c’est surtout le nombre élevé de faux positifs qui retient l’attention puisque les chiffres de spécificité et de valeur prédictive positive du lecteur junior reste faible après, comme dans l’exemple ci-dessous où les deux radiologues ont diagnostiqué à tord un cartilage envahi après IV (image C) démenti en anapath.

De façon intéressante ils avaient le bon diagnostic avant IV sur le T1 (A) et la diffusion (B).

Le second article dans l’AJNR (full text ici avec les nouveaux codes) est également intéressant puisqu’il étudie l’intérêt diagnostique de l’IRM (sans antenne de surface) versus le scanner spectral en double énergie avec reconstructions des images iodés. Si le CT scan apparaît moins sensible que l’IRM, il est bien plus spécifique particulièrement en raison de la réduction de ces faux positifs liés à l’injection de gadolinium lors de l’examen remnographique. Cet article permet d’encourager la modalité d’exploration habituelle (CT scan) des cancers pharyngo-laryngés, avec une vrai plus-value pour les heureux détenteurs de la double énergie.

On regrettera en revanche le manque d’illustration particulièrement de cas de vrais positifs en scanner, surtout s’agissant d’une évaluation qualitative et en connaissant les difficultés des acquisitions doubles énergies pour séparer l’os de l’iode (les auteurs ont exclus les zones de cartilages calcifiés de l’analyse).

Bien amicalement, Arnaud Attyé