Bulletin n°11

Comment régler sa séquence d’inversion récupération en imagerie otologique?

De plus en plus d’articles provenant d’équipes de recherche réparties sur le globe vous proposent de compléter votre protocole d’otologie habituel par une séquence 3D-FLAIR ou 3D-IR sur les oreilles internes. Faisons donc le point sur la façon de régler les séquences et le choix du type de pulse.

Il faut d’abord distinguer les indications en isolant d’un côté le protocole hydrops et de l’autre côté l’imagerie des prises de contraste (Meniere, labyrinthite, fistule…).

Il existe globalement 3 types de séquences:

  • Les séquences 3D-FLAIR à angle de bascule variable (VFA en anglais), comme par exemple Vista ou View chez Philips; Space chez Siemens ou encore Cube chez GE.Pour une idée de la variation de l’angle de bascule lors des trains d’echos il est possible de consulter cette publication (full text pour les membres du Cireol ici).

Avantage: Bon rapport signal sur bruit à la fois sur le cerveau et les oreilles internes.

Inconvenients: Sensibilité moyenne à la prise de contraste -meilleur que le T1 cependant-; même signal pour l’os et pour l’endolymphe concernant le protocole hydrops nécessitant donc une certaine expertise.

exemple typique pour un patient avec un hydrops vestibulaire gauche:

 

  • Les séquences 3D-FLAIR à angle de bascule constant. ll est possible d’utiliser les mêmes séquences constructeurs, à condition de fixer l’onglet angle de bascule sur une valeur la plus élevé possible, c’est à dire proche de 180°. La manipulation n’est pas difficile à faire mais par exemple Siemens va limiter cet angle à 3T même en activant le mode low SAR, en fonction du poids du patient.

Avantages: Meilleure visualisation des prises de contraste, potentiellement déterminante dans les bilans de névrite vestibulaire pour rechercher des lésions labyrinthiques associées. Augmentation du rapport signal sur bruit pour le protocole hydrops notamment à 1.5T.

Inconvénients: Perte de signal sur la fosse postérieure nécessitant un acquisition crâne associée, de toute façon recommandée; même signal pour l’os et pour l’endolymphe concernant le protocole hydrops, nécessitant donc une certaine expertise.

exemple typique pour un patient avec une rupture de barrière de la barrière hémato-labyrinthique à droite sur un Meniere:

  • Les séquences d’Inversion Récupération avec reconstructions en partie réelle. ll s’agit d’élargir le spectre de l’échelle de gris des voxels reconstruits pour être plus sensible à des variations de composition de tissus. Faisable sur tous les constructeurs mais nécessite une phase de mise au point à 1.5T.

Avantage: Bonne différentiation entre l’endolymphe et l’os (qui est effacée) rendant plus facile de visualiser le canal cochléaire.

Inconvenients: Moins sensible aux prises de contraste que les séquences 3D-FLAIR.

Exemple typique pour un patient sans hydrops sacculaire décelable:

A noter une récente polémique dans la littérature sur l’utilisation d’une dernière technique popularisée par les Japonais et reprise par une équipe allemande (ici pour l’abstract, full text avec les nouveaux codes) qui consiste à fusionner deux séquences Flair avec des temps d’inversion différents, pour différencier l’endolymphe de l’os encore une fois. En plus d’être chronophage, on peut créer des fausses images d’hydrops par un défaut de recalage spatial. Il n’y a pas de technique idéal ni à l’acquisition ni de méthode de grading parfaite, mais il apparait important de continuer à challenger les apports de ce type d’imagerie sur nos patients.

Enfin quelques conseils primordiaux: ne pas faire des voxels de taille supérieur à 0.8 mm (voir plus petit sur Siemens) à l’acquisition, on peut conseiller 10 minutes comme scan time maximum à 1.5T ou 3T pour éviter les artéfacts et ne pas emboliser votre flux clinique.

De façon importante particulièrement pour les séquences à angle constant: positionner au plus près de l’oreille interne votre boite de Shim avec une boite la plus petite possible prenant bien les deux côtés. On conseillera également pour les séquences 3D-FLAIR VFA de bien régler le tissu cible comme était un tissu proche du LCR donc avec les valeurs de T1 et de T2 les plus élevées possible, faites bien attention de ne pas laisser des réglages par défaut comme par exemple « substance blanche » ou « substance grise ».

Voici un exemple de « disparition » du saccule avec une séquence 3D FLAIR Siemens en fonction des réglages de T1 et de T2 (tous les autres paramètres sont identiques, incluant TE, TR, TI, taille des voxels…).

Nous tenons bien évidemment les paramètres complets des séquences à la disposition des équipes qui le souhaitent.

Bien amicalement, Arnaud Attyé