Bulletin n°13

Chers amis du Cireol,

Après des années de recherche clinique sur l’imagerie du saccule en IRM (je mets à disposition ici pour les abonnés du Cireol le texte complet de la revue que je viens d’écrire à ce sujet avec Antonio Lopez pour faire le point après 10 ans d’imagerie du Ménière en IRM), il apparaît important de se concentrer maintenant sur l’intérêt de l’étude de l’utricule à l’aide du protocole hydrops.

En effet, 2 études d’imagerie diagnostique viennent de paraître sur l’intérêt d’imager l’utricule dans 2 présentations cliniques différentes, qui devraient aboutir à terme à une vraie plus-value du radiologue dans la prise en charge du patient avec des troubles de la fonction vestibulaire.

Le première étude de l’équipe de référence Japonaise est une revue rétrospective sur 775 patients explorés en protocole hydrops (4 heures après injection de gadolinium). Elle retrouve seulement 44 patients qui ont dans un contexte de maladie de Ménière un hydrops utriculaire unilatérale dans la partie non-ampullaire du canal semi-circulaire latéral, généralement associé à un hydrops sacculaire. Ils ont défini l’hydrops utriculaire par une protrusion de l’utricule dans le canal, au delà du mur latéral du vestibule.

On peut remarquer une donnée supplémentaire importante: l’hydrops utriculaire au niveau des canaux semi-circulaires latéraux, en dehors du cadre de la maladie de Ménière défini, ne semble pas lié à la présence d’un hydrops dans le saccule, ce qui est concordant avec les données Grenobloise et Parisienne sur la présence possible d’hydrops utriculaire isolé pour les patients souffrant soit de vestibulopathie récurrente (absence de troubles auditifs) ou de Maladie de Ménière probable (Vertiges et signes cochléaires fluctuants mais sans surdité fixé)

Autrement dit, le mécanisme semble être dans la maladie de Ménière définie (Vertiges+Surdités) d’avoir une atteinte du saccule avant d’avoir un hydrops dans le canal latéral (ce qui explique probablement le rapport entre surdité et hydrops canalaire dans l’étude Japonaise). Tandis que les patients avec troubles de l’équilibre mais sans surdité peuvent avoir des atteinte canalaires isolées.

La seconde étude Française est d’importance (full text ici avec les codes) puisque pour la seconde fois après ce première article paru dans European Radiology (dans le quel nous avons mis en évidence des absences de saccule), nous démontrons que l’imagerie de l’hydrops n’est pas seulement une imagerie de l’excès d’endolymphe, mais que les patients consultant avec areflexie vestibulaire peuvent présenter en IRM un utricule de taille anormalement réduite appelé « atelectasie utriculaire »!

Il s’agit de patients handicapés par des troubles de l’équilibre majorée en cas de diminution des informations visuelles (éblouissement par un trop grande luminosité, obscurité, défilement visuel) ou de conditions proprioceptives difficiles (adaptation à un terrain instable : gravier, gazon, bord de mer, sol en pente ou accidenté) (ces informations sont disponibles sur le site de l’association des malades areflectiques ici).

Je vous mets une iconographie ici comparative de l’utricule normal, protrusif dans le canal semi-circulaire latéral, et atélectasique.

Plus que jamais, le protocole hydrops en IRM démontre sa capacité à mettre des lésions radiologiques sur des symptômes, nous permettant d’espérer dans quelques mois les premières grandes études de monitoring thérapeutique.

Amicalement, Arnaud